MÉMOIRE DE LOU
POUR ENFANTS À PARTIR DE 5 ANS
Calendrier de diffusion 2018-2019
Texte: Julie-Anne Ranger-Beauregard
Mise en scène: Patrick Martel
Interprétation: Éloi Cousineau, Zach Fraser et Karine St-Arnaud
Scénographie et conception des marionnettes: Patrick Martel
Musique: François Monette
Éclairage et direction technique: Maude Serrurier
Projections: Thierry Francis
Confection: Isabelle Chrétien (chef d'atelier), Sandra Turgeon et Colin St-Cyr
RésumÉ
La neige a disparu! Il y a des bourgeons au bout des branches! C’est le moment pour Lou de faire son ménage du printemps. Alors qu’il fouille sa maison à la recherche de petites choses à donner, un objet depuis longtemps oublié fait resurgir un souvenir enfoui dans sa mémoire. Un souvenir précieux, comme un petit morceau de lui.
Inquiet soudain que les objets qui partent soient aussi des souvenirs qui s’effacent, Lou décide de ne plus jamais rien donner! Heureusement, une libellule bienveillante lui permettra de voir la tristesse d’un avenir où il s’occuperait davantage d’avoir que d’être... et donnera à Lou la possibilité de changer le cours des choses.
Sur la photo : Éloi Cousineau et Karine St-Arnaud. Crédit photo : Yves Martin Allard.
MOT DU METTEUR EN SCÈNE
Nous étions plusieurs amis, ensemble, attablés devant un beau repas, par un superbe après‐midi ensoleillé. Dans un moment de silence, une libellule est venue à notre rencontre, s’immobilisant devant chacun des convives, tour à tour, comme pour dire «Bonjour, je suis là.» À son départ, nous nous sommes tous regardés, touchés par c ette visite impromptue : nous venions de retrouver un ami disparu, dont la présence nous manquait tous terriblement.
Cet ami, c’est à lui que je dois ma passion pour la marionnette.
On aime bien croire que dans des créatures, des paysages ou des objets, se cachent des âmes, des parcelles de vie, des souvenirs. C’est la base du jeu avec la marionnette. C’est aussi ce qui anime Lou, qui fait l’inventaire de tous les objets qu’il possède, croyant que la perte de ces objets correspond à la perte des souvenirs qu’ils évoquent. Perdu dans son obsession, figé par sa peur, Lou risque d’en oublier de vivre de nouveaux moments, qui deviendraient à leur tour tant de nouveaux souvenirs. Il est dur de faire le tri entre ce qui doit être gardé et jeté, entre ce qui nous donne des ailes et ce qui nous empêche d’avancer.
Lou a de la chance. Un voyage dans le temps lui donnera un aperçu de ce qui le guette, de ce qui l’attend. Ce bond dans le futur lui permettra aussi des rencontres mémorables avec des personnages animés par la parole, par la famille, par la musique. Des personnages... aux mémoires d’éléphant.
Avec Mémoire de Lou, je désire bâtir un pont entre l’émerveillement que j’avais devant une marionnette alors que je n’étais qu’un tout petit bonhomme d’à peine trois ans, et ma curiosité pour tout ce que cette forme d’art nous réserve dans le futur. Je souhaite rendre hommage à tous ceux qui n’ont jamais reculé et qui ont su léguer le courage de plonger.
Mot de l’auteure
Pourquoi on s’amourache d’une pince à cheveux, d’un paquet de cartes, d’une gargouille médiévale, d’une photo de chatons, d’un sac troué, d’une chanson d’Elvis Presley? Parce qu’il y a des souvenirs cachés dedans.
Les archives de nos vies s’accumulent dans nos armoires, nos boîtes secrètes, nos albums photos, nos journaux intimes. J’ai chez moi des vidéos qui couvrent ma vie entière, de mes premières comptines aux premiers pas de mon fils. Je les ai vus et revus, surtout ceux de mon enfance, j’en connais les répliques par cœur, c’est à ne plus savoir si le souvenir existe vraiment dans ma tête. Sans parler de mes dizaines de milliers de pages de textes qui continuent et continuent de s’écrire, qui sont là pour me rappeler ce que j’ai vécu, vu, senti, ressenti, pensé, dit, imaginé, créé...
Quand la vie va trop vite, quand quelque chose m’échappe, quand je ne sais plus où je vais, quand je doute, quand j’ai peur, je me recueille sur ces petits paquets de vie que j’ai gardés au fil du temps. C’est ça, pour moi, le réconfort.
Mais le danger, c’est d’y être trop bien. C’est de ne plus vouloir en sortir, de ce réconfort qu’on s’est créé. Parce que la vie, elle continue. Et même si on a peur, même si on ne sait pas comment, il faut plonger dedans. Il faut danser avec elle, être en mouvement.
Alors aujourd’hui, je vous donne quelques unes de mes pages.
Elles sont vivantes, vous verrez.
Elles ont des corps, des matières, des sons, des lumières.
Et dans mes pages, il y a Lou.
Il est dans son temps arrêté, depuis un peu trop longtemps.

Photo : Yves Martin Allard. Sur la Photo : Zach Fraser et Éloi Cousineau.